#WallahCestPasMoi

WallahCestPasMoi-300Depuis quelques jours les grandes instances pensantes font « pression » sur la communauté musulmane afin qu’elle exprime sa désolidarisation avec l’État Islamique. Autopsie d’une campagne qui tombe à pic.

Aux origines d’un épouvantail

Cela fait maintenant quelques mois que les va-t’en guerre ne cessent de mobiliser l’opinion publique pour une nouvelle intervention occidentale dans la région Irak-Syrie afin d’éradiquer l’EI.  Après la médiatique « décapitation » de James Folley c’est au tour du français Hervé Gourdel d’être victime de la « barbarie insoutenable » du nouvel épouvantail made in USA. Car au-delà de vouloir régler par la seule force militaire le cas du djihadisme au Moyen-Orient, il serait peut-être temps de se poser la question sur l’origine de ces groupuscules dans la région. De nombreux articles parlent de connexions entre ces groupes et les agences gouvernementales états-uniennes, cependant il n’est pas nécessaire d’être un affreux conspirationniste pour comprendre que le chaos, organisé depuis plus de 15 ans par les multiples interventions ou financements Occidental, façonne et favorise le « terrorisme » (bien que l’on puisse en réalité remonter pratiquement depuis les accords Sykes-Picot…).

Comment pourrait-on n’y voir aucun lien entre le projet avorté d’intervenir en Syrie il y a un an et le durcissement des frappes américaines ce week-end ?

L’opinion publique a la mémoire courte, l’excuse passe encore, mais la responsabilité des mass-médias quant à leur objectivité face à la situation est vraiment risible.

Comment peut-on encore se prétendre journaliste, lorsque aucun lien n’est fait entre l’armement des « insurgés » d’hier et la montée en puissance de l’EI aujourd’hui ?

Il serait trop long dans cet article d’expliquer la mécanique de l’Empire à devoir sans cesse créer un ennemi à abattre pour justifier guerre, budget militaro-industriel, contrôle des populations, lobby pétrolier et domination dans la région, mais l’Histoire nous l’a déjà prouvé maintes fois.

Prière de montrer patte blanche

C’est désormais pratiquement un fait, ne pas dénoncer les agissements de l’EI est un signe de complicité, comme si le fait d’être musulman était déjà un crime en soit.

« Il faut à tout prix que je me lave de cette nouvelle contamination, que je montre au monde entier que je suis moi aussi un citoyen modèle, que l’occident m’accepte. »

La grande campagne de mobilisation sous le doux nom #NotInMyName est digne d’un spot de publicité. Tous les codes y sont réunis, mais le message sonne creux.  En France, nous avons eu droit au collectif « Nous sommes aussi de “sales français” » dont libération faisait sa une le 26 septembre et dont Figaro publiait le texte le 25 septembre.

Cette appel est extrêmement stigmatisant pour toutes personnes de confession musulmane. Imagine-t-on un seul instant les médias déployer la même campagne contre les atrocités commises par le régime bouddhiste sur les Rohingyas en Birmanie #NotInMyName, les attaques meurtrières d’Israël sur Gaza #NotInMyName ou encore l’intervention en  Lybie, Irak, Afghanistan par les USA et la France #NotInMyName…

Car s’il y a bien une indignation qui se fait discrète, c’est cette dernière, pourtant elle est à l’origine de nombreux incidents récents.

Ne sommes-nous pas coupables, nous citoyens, des guerres faites en notre nom ?

En quatre ans, la France a bombardé 4 pays : la Libye, la Côte d’Ivoire, le Mali, l’Irak… Ces guerres faites en notre nom et avec notre argent sont aujourd’hui un poids à porter pour chaque citoyen. Il serait temps d’un réveil collectif, que les consciences se mobilisent fermement pour condamner  ces interventions. Que les chefs d’États de guerre soient entendus. Si l’on analyse la situation avant et après bombardement, je suis prêt à payer un verre de jus de fruit à celui que me donnera l’exemple d’un pays pour lequel la situation s’est améliorée suite à un largage massif de « missiles démocratiques ».

Émotion : mode « ON »

Cette indignation sélective, elle-même manipulée par les médias et leurs images matraquées à longueur de temps, est un facteur intéressant. En plus de pervertir l’opinion publique dans le but d’épouser telle cause, ou pousser une population à accepter plus docilement une entrée en guerre, elle bloque tout effort de réflexion intellectuelle.  J’en vois déjà certains me montrer du doigt me traitant de sale monstre insensible. Il est nulle question de réagir binairement telle une simple machine. Malgré l’affect et la peine causés par n’importe quelle perte humaine, il est important de la replacer dans un contexte donné.

La décapitation d’un français en territoire étranger, fait frémir de peur le citoyen lambda en plus de le choquer au plus haut point. Le spectateur se reconnaît en Hervé Gourdel : « ça pourrait être moi » se dit-il… Bien que la question soit en réalité plus compliquée que ça, je ne lui donnerais pas tort pour autant. Nous sommes les représentants de notre État. De par notre silence nous légitimons les guerres faites en notre nom.

Ce silence assourdissant nous revient en pleine tête, tel un boomerang, lorsque un article du Parisien paru en 2012 évoque les 14.705 civils tués en huit ans par les USA.

Encore une fois le mot civil est utilisé, ni nom, ni âge, ni sexe ne sont mentionnés pour ces « dommages collatéraux »… Notre passivité face à ces chiffres parle d’elle-même.

#NotInMyName

Loin de moi l’idée de promouvoir la violence, le meurtre, la haine ou le terrorisme dans cet article mais bien d’affirmer de vive voix que le cycle de la violence a toujours une origine et il est trop facile d’écarter tout raisonnement, toute tentative de comprendre son fonctionnement.

La marionnette du « terrorisme islamiste » nous est agitée au visage tous les jours depuis le 11 septembre 2001 et il a bon dos. A la veille d’une nouvelle guerre et l’entrée de la France dans celle-ci, voilà que l’on demande aux musulmans de donner leur consentement. Posé avec un panneau #NotInMyName équivaut à donner son feu vert pour un nouveau bombardement qui touchera à n’en pas douter, hommes, femmes et enfants innocents. La violence répond à la violence. Il est temps de dire sans trembler que toutes ces guerres et atrocités commises par nos gouvernements ne sont pas faites en notre nom !

Salam,

Adam Mansour

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2 commentaires

  1. kapi dit :

    Très bonne analyse !

  2. Bilal Benamida dit :

    Merci Monsieur d’avoir mis des mots sur les choses ..

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