Le président syrien Bachar El-Assad reçoit Paris Match (Paris Match)
Voici un extrait de l’entretien accordé par le président syrien Bachar El-Assad à Paris Match, le samedi 28 novembre, dans la capitale syrienne.
Monsieur le Président, après trois ans de guerre, au point où nous en sommes aujourd’hui, regrettez-vous de ne pas avoir géré les choses différemment au début, lorsque les premiers signes de révolte sont apparus, en mars 2011 ? Vous sentez-vous responsable ?
Bachar El-Assad. Dès les premiers jours, il y avait des martyrs de l’armée et de la police. Nous avons donc, dès cette époque, fait face au terrorisme. Il y avait des manifestations, certes, mais pas en grand nombre. Notre seul choix était de défendre le peuple contre les terroristes. Il n’y en avait pas d’autres. Nous ne pouvons pas dire que nous le regrettons, puisque nous luttions uniquement contre le terrorisme. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu d’erreurs commises dans la pratique. Il y a toujours des erreurs. Parlons aussi franchement : si le Qatar n’avait pas financé dès le début ces terroristes, si la Turquie ne leur avait pas apporté un soutien logistique et l’Occident un soutien politique, les choses auraient été différentes. La Syrie connaissait des problèmes avant la crise, ce qui est normal, mais cela ne signifie pas qu’il faille trouver aux événements une origine intérieure.
Durant cette guerre, on reproche à votre armée d’avoir utilisé massivement la force. Pourquoi bombarder des civils ?
Lorsqu’un terroriste vous attaque, croyez-vous que vous pouvez vous défendre par le dialogue ? L’armée a eu recours aux armes lorsque l’autre partie en a fait usage. Notre but ne saurait être de frapper les civils. Comment peut-on résister pendant près de quatre ans en tuant des civils, c’est-à-dire son propre peuple, et en même temps combattre les terroristes et les pays hostiles qui les soutiennent, à savoir ceux du Golfe, la Turquie et l’Occident ? Si nous ne défendions pas notre peuple, nous serions incapables de résister. Par conséquent, il n’est pas logique de dire que nous bombardons les civils.
Des images par satellite de Homs ou de Hama montrent des quartiers oblitérés. L’Onu, à laquelle adhère votre pays, parle de 190 000 morts au cours de cette guerre. Les habitants de ces quartiers étaient-ils tous des terroristes ?
D’abord, il faudrait vérifier les statistiques des Nations unies. Quelles en sont les sources ? Les chiffres qui circulent aujourd’hui dans le monde, notamment dans les médias, sont exagérés. Ils sont faux. Ensuite, les images de destructions ne sont pas seulement des photos par satellite, mais des photos prises sur le terrain. Ces destructions sont réelles. Lorsque des terroristes pénètrent dans une région et l’occupent, l’armée doit la libérer. Des combats sont alors engagés. Il est donc normal qu’il y ait destruction. Dans la plupart des cas, lorsque les terroristes s’installent, les civils prennent la fuite. En vérité, le plus grand nombre de victimes en Syrie se compte parmi les partisans de l’Etat et non l’inverse. Beaucoup ont été tués lors d’attentats. Quand vous avez la guerre et le terrorisme, il y a hélas des victimes innocentes. Ça arrive n’importe où, d’ailleurs. Mais il n’est pas concevable qu’un Etat vise ses propres citoyens.
Toujours selon l’Onu, 3 millions de Syriens sont réfugiés dans les pays limitrophes, soit un huitième de la population. Est-ce que ce sont tous des alliés des terroristes ?
Non, non. La plupart de ceux qui ont quitté la Syrie l’ont fait à cause du terrorisme. Parmi ces réfugiés, certains soutiennent les terroristes, d’autres l’Etat. Ces derniers ont quitté le pays pour des raisons de sécurité. Une grande partie des réfugiés ne soutient personne.
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