Armes chimiques en Syrie : Hollande évoque un “usage probable”, Obama se déclare “incapable de le déterminer” pour le moment
Les forces gouvernementales syriennes ont procédé à un terrible bombardement dans la nuit du 20 au 21 août 2013. Pire, le régime de Damas aurait eu recours à « l’arme chimique ». D’après les forces de l’opposition, les gaz neurotoxiques auraient fait entre 500 et 1 300 morts. Qu’en est-il réellement ? Cette accusation n’est pas nouvelle, elle a déjà été utilisée par le passé, sans que des preuves satisfaisantes puissent être produites.
On peut également douter que, alors que des inspecteurs de l’ONU sont en train d’inspecter la Syrie, le régime syrien soit assez bête pour choisir ce moment précis pour utiliser des armes chimiques, alors que de nombreux pays (dont la France) avaient plusieurs fois déclaré, par le passé, que l’utilisation d’armes chimiques par Damas constituait une « ligne-rouge » à ne pas franchir.
Un « casus belli ».
Alors, plutôt que d’écouter les déclarations des forces de l’opposition, forcément suspectes, écoutons le concert désordonné des chancelleries occidentales. Cela vaut le détour.
Quand bien même vous ne seriez pas expert en statistiques et en probabilité, il est assez frappant de voir l’écart entre les déclaration de Barack Obama,et de François Hollande. Voici ce que dit prudemment l’administration Obama. « A ce moment précis, nous sommes incapables de déterminer de manière définitive que des armes chimiques ont été utilisées », a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki, ajoutant que « le président [Barack Obama] avait ordonné aux services de renseignement de rassembler au plus vite des informations supplémentaires » sur ces allégations.
De son côté, M. Hollande a évoqué « l’usage probable d’armes chimiques » en Syrie. On peut se demander s’il est crédible que M. Hollande dispose d’informations sur le sujet dont ne disposerait pas le président américain, d’autant plus après l’Affaire Snowden, laquelle a révélé qu’une des cibles prioritaires des écoutes américaines était justement l’Union Européenne et sa commission…
On peut également s’étonner de ce langage diplomatique nouveau : le président fait dans la probabilité. Lorsque l’on connait la difficulté et le temps qu’il faut pour monter une enquête fiable dans un pays en guerre comme la Syrie, on ne peut que s’étonner de la rapidité de la réaction de François Hollande…qui déclare déjà l’usage d’armes chimiques “probables”.
Se serait-il fait duper par son entourage ?
Car il y a un troisième larron dans cette foire aux réactions immédiates. Il s’agit de Laurent Fabius. Il a clairement indiqué que la France et d’autres pays prendront des mesures unilatérales si le Conseil de sécurité ne serait pas en mesure de prendre des décisions à l’égard de la Syrie : « À ce moment-là les décisions doivent être prises d’une autre façon. Comment ? Je n’irai pas plus loin ». Il a toutefois précisé qu’il n’était « pas question d’envoyer des forces militaires. C’est impossible ».
On sent bien, au passage, que Laurent Fabius est moins va-t-en-guerre qu’au début du conflit Syrien. Depuis sa nomination M Fabius a en effet eu le loisir de constater que le Conseil de Sécurité ne permettrait pas à l’OTAN de réitérer en Syrie ce qu’il a déjà commis en Libye. Et tous les réseaux anti-Assad semblent impuissants à faire plier le Conseil de Sécurité.
Donc ces réseaux se contentent à présent de semer le chaos en Syrie.
Trois réactions, trois personnalités : Barack le prudent, François le sans-avis, et Laurent le belliqueux…
Au-delà de cette façade médiatique, une opération commando est-elle en cours pour neutraliser Bachar Al-Assad ad vitam aeternam ? C’est ce qu’affirme le Figaro.
Raphaël Berland
Source :
www.lemonde.fr
Nous venons d’interviewer Ayssar Midani, qui revient sur ces accusations depuis Damas :
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