Georges Ibrahim Abdallah, plus ancien prisonnier politique d’Europe, entame sa 30ème année de détention en France

En France, en théorie, nous avons le principe de séparation des pouvoirs (exécutifs, législatifs, judiciaires). Le gouvernement, la représentation parlementaire et la justice sont censés être indépendants. Mais nous avons pu observer de nombreux dossiers dans lesquels cette indépendance est bafouée. Il en est ainsi concernant le prisonnier Georges Ibrahim Abdallah.

Cet ancien combattant marxiste pro-palestinien a fondé la Fraction armée révolutionnaire libanaise en 1979, et a commandité 3 ans plus tard l’assassinat de deux diplomates (Charles R. Ray, l’attaché militaire américain à Paris, et Yacov Barsimentov, deuxième conseiller à l’ambassade d’Israël). Arrêté en 1984, Georges Ibrahim Abdallah est condamné en 1987 à la prison à perpétuité.

Libérable depuis 1999, il a vu jusqu’ici ses cinq demandes de libération refusées. Partie civile lors de son procès, les États-Unis se sont systématiquement opposés à ses requêtes. Et c’est là où le pouvoir politique prend le pas sur le pouvoir judiciaire.

En effet, le 21 novembre 2012, le militant pro-palestinien a fini par obtenir un avis favorable du tribunal d’application des peines de Paris, « sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion du ministère de l’intérieur » à destination du Liban, pays qu’il souhaite rejoindre et qui accepte de l’accueillir. Mais le ministère de l’intérieur a refusé de le signer, sans fournir d’explications. Du coup, en avril 2013, sa remise en liberté a été annulée par la Cour de cassation.

La France a ainsi le déshonneur de maintenir en détention Georges Abdallah, le plus vieux prisonnier politique d’Europe… Il entame sa 30ème année de prison !

C’est pourquoi, le 26 octobre 2013, plusieurs Comités pour la libération de Georges Abdallah ainsi que des militants proches du PCF s’étaient donnés rendez-vous à Lannemezan, pour manifester contre ce maintien en détention. Près de 500 personnes étaient réunies pour attirer l’attention médiatique sur le sort de ce militant. M. Abdallah a pu faire passer un message à ceux et celles qui étaient venues le soutenir :

« je remercie tous les camarades du nord pour leur dévouement à la cause anti-impérialiste, pour leur solidarité avec les prisonniers politiques et leur courage à maintenir cette lutte, je remercie les camarades qui sont venus de si loin, qui ont fait ces milliers de kilomètres pour être ici devant les grilles de la prison… »

Stéphan et Christian, deux  manifestants, ont rappelé plusieurs initiatives lancées en faveur de M. Abdallah : le poids des politiques engagées dans la bataille pour la libération, notamment avec l’élévation de Georges au titre de « citoyens d’honneur » dans deux communes, un député qui se rend à Lannemezan, les déploiements de banderoles et les inscriptions dans des endroits visibles pour la population et les travailleurs, les soirées de solidarité, les diffusions de tracts…

Stephan a rappelé que « s’il est certain qu’il y a pression des USA et d’Israël pour maintenir Georges en prison, c’est en France qu’il est incarcéré, c’est le gouvernement PSS (parti socialiste sioniste) qui a refusé de le libérer malgré la décision de justice, c’est donc la France, le PSS qui portent la responsabilité de son maintien derrière les barreaux de Lannemezan… ». Le camarade a donc dit « Libérons Georges », « faisons pression sur le gouvernement et le PS » « interpellons le dans ses meetings pour les futures élections », en rappelant « nous le devons à Georges, lui qui est un combattant et un résistant anti-impérialiste, anticolonialiste et antisioniste ».

Raphaël Berland

Sources :

– Le compte-rendu de cette manifestation diffusé par le Collectif “Bassin minier” pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah
– France3 Midi Pyrénées
– YouTube : video 1, video 2 et video 3
– Dailymotion
– La Dépêche
– Le Monde
– ISM France
– Palestine Solidarité

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