Une proche d’Assad : « Pourquoi préférez-vous les terroristes au gouvernement syrien ? » (Le Monde)
Avec l’ouverture de la conférence de paix sur la Syrie, à Genève, Boutheïna Chaaban a retrouvé son rôle préféré : celui d’ambassadrice du régime Assad auprès des médias occidentaux. Cette spécialiste de littérature anglaise, âgée de 60 ans, occupe depuis 2008 la fonction de conseillère politique et médiatique du président Assad.
Omniprésente à la fin de la première décennie 2000, à l’époque de la réintégration de Damas sur la scène internationale, cette fidèle baasiste s’est faite plus rare après le début du soulèvement, en 2011, au fur et à mesure que le régime Assad a été mis à l’index.
Elle a répondu aux questions du Monde depuis le Palais des nations, le quartier général des Nations unies, à Genève, qui héberge les négociations entre les belligérants syriens. Un échange tendu, auquel Mme Chaaban, manifestement irritée par les questions, a mis un terme plus rapidement que prévu.
Quel bilan tirez-vous de la première semaine de négociations entre le régime syrien et l’opposition, à Genève ?
Boutheïna Chaaban : Nous parlons au médiateur des Nations unies et ils [les membres de la délégation de l’opposition] lui parlent aussi. C’est difficile. Nous n’imaginions pas que nous allions conclure un accord en un ou deux jours. Les discussions continuent et, en soi, c’est une bonne chose. Nous sommes tombés d’accord sur le programme des deux prochaines séances, jusqu’à vendredi. Demain [jeudi], nous parlerons du terrorisme en Syrie et de la manière d’y mettre fin.
Etes-vous d’ores et déjà prêts à participer au deuxième round de négociations [qui pourrait débuter dans la deuxième semaine de février, après une semaine de pause] ?
Je pense que nous serons prêts à faire tout ce qui est possible pour servir notre peuple.
Jusque-là, il n’a pas été possible d’acheminer de l’aide humanitaire dans les quartiers de Homs assiégés par l’armée, comme l’espéraient les parrains de la conférence, désireux d’instaurer un climat de confiance entre les deux parties. L’opposition vous impute la responsabilité de cet échec. Que répondez-vous ?
Le gouvernement syrien est en contact étroit avec la Croix-Rouge, le Croissant Rouge et les Nations unies. Nous essayons de sauver notre peuple et de lui apporter de la nourriture et des médicaments, autant que nous le pouvons. Ce sont les terroristes qui empêchent de faire rentrer ces aides dans les zones affectées. Les médias devraient faire leur travail avant de rapporter ces accusations. Parce qu’elles ne sont jamais vérifiées, elles acquièrent une apparence de vérité. Mais ce n’est pas la vérité. Il s’agit de notre peuple. Le gouvernement ne peut pas l’empêcher de recevoir de l’aide humanitaire.
Le convoi des Nations unies est pourtant bloqué à Damas, dans l’attente du feu vert des autorités…
Savez-vous que deux villages, Nubbul et Zahra [des localités chiites, des environs d’Alep], sont assiégés depuis 720 jours par des terroristes ? Que des femmes et des enfants ont été kidnappés ? Et que pendant tout ce temps, nous avons demandé, en vain, l’aide de la communauté internationale ? Nous voulons que notre peuple reprenne le cours de sa vie.
Le peuple syrien n’a jamais dépendu d’une aide extérieure, il a toujours mangé ce qu’il produisait. Ce que nous voulons, c’est une solution politique, qui ramène la paix et la sécurité en Syrie, de manière à ce que nos fermiers repartent cultiver leurs champs et soient en mesure de se nourrir eux-mêmes. Personne n’est heureux de recevoir des cartons d’aide humanitaire. C’est humiliant.
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