La « sorcière » s’est rétractée
La « sorcière » Judith Bernard a finalement cédé au supplice de la question. Elle s’est rétractée et a dénoncé l’hérétique vis-à-vis duquel elle dit maintenant n’avoir « aucune proximité idéologique ». Dans sa confession, elle se libère de ses péchés en accusant le vil Étienne Chouard – comme cela lui avait été fortement recommandé par la docte Inquisition – de « complicité avérée avec des thèses délirantes » (complicité avec le démon).
On le sait, les affaires de sorcellerie sont fondées sur la méfiance, la jalousie, la rancune, et une panique morale d’origine religieuse, souvent aussi pour des griefs personnels : c’est en réalité la « bonne » société qui se donne l’impression de défendre sa propre intégrité. Ici, la « bonne » société est constituée de zélotes de la secte du Parti de Gauche, de démophobes hystériques mais aussi d’un membre de l’intelligentsia parisienne agissant dans l’ombre. Ce penseur qui se dit hétérodoxe (et dans le petit cadre choisit dans lequel il pense, il l’est certainement) n’en apparaît pas moins comme un sournois inquisiteur d’une pensée politiquement très orthodoxe, celle qui s’arroge d’autorité le droit de décerner des brevets de « fréquentabilité » et des sceaux d’infamie.
Peut-on en vouloir à Judith Bernard pour cette confession forcée ? Dans sa situation, qui aurait résisté ? Il y va, après tout, de tout ce qui constitue sa vie aujourd’hui : le journalisme et le théâtre au sein du sérail médiatique parisien. Après son engagement au sein du « mouvement » du m6r – que l’on sait initié, mais également piloté (quoi qu’elle en dise) par la secte du Parti de Gauche – mais surtout pour avoir eu le culot de défendre la thèse sulfureuse du tirage au sort de l’assemblée constituante, il fallait ramener à la raison la brebis égarée qui s’était engagée sur une pente dangereuse.
C’était une aubaine pour l’Inquisition ! Elle n’était pas parvenue, jusqu’ici, à contraindre l’hérétique à dénoncer le démon, malgré des coups forts rudes et déloyaux qui lui avaient été asséné pour le faire céder. La sorcière Judith était le maillon faible à exploiter pour lui asséner le coup fatal. Agissant sous l’influence du penseur de l’ombre qui la manipulait (et dont je tairai le nom pour l’instant, mais les plus futés devineront de qui il s’agit), l’hérétique avait craqué, il avait lâché le démon. Mais au lendemain de cette victoire de l’inquisition, voila qu’il abjurait et revenait sur ses aveux ! Il n’en fallut pas plus pour que Judith cède aux tourments et désigne alors Étienne Chouard comme hérétique « avéré ».
La Sainte Inquisition a finalement triomphé. Ou presque. L’hérétique est isolé de la plupart de ses soutiens médiatiques connus. Il lui reste encore le soutien des gueux, des anonymes, mais chaque chose en son temps : l’Inquisition n’en a pas finit avec lui… Évidemment, avec le peuple, c’est parfois plus difficile : ce dernier sait souvent reconnaître les gens réellement bons et intègres et dès lors se laisse moins facilement qu’on ne le pense entraîner dans des accusations diffamatoires. Voilà maintenant près de dix ans que l’hérétique dénonce les tromperies des princes, des seigneurs, des cardinaux, des évêques, leur veulerie et leurs corruptions, tel un Savonarole de notre temps, ou plus près de nous, tel Jean-Jacques Rousseau, que la secte des philosophes harcela sans cesse jusqu’à le faire devenir fou (dit-on).
Un Empereur romain imaginaire à dit un jour à un Arthur pas encore Roi un secret :
« Des chefs de guerre, il y en a de toute sorte : des bons, des mauvais, … des pleines cagettes il y en a. Mais une fois de temps-en-temps il en sort un exceptionnel, un héros de légende. Des chefs comme ça, il n’y en a presque jamais, mais tu sais ce qu’ils ont tous en commun ? Tu sais ce que c’est, leur pouvoir secret ? … ils ne se battent que pour la dignité des faibles. »
Ces paroles, c’est le cinéaste Alexandre Astier qui les a écrite pour la saison 6 de la série Kaamelott. Dans un petit documentaire de Jean-Yves Robin où il parle des deux dernières saisons de la série, Astier explique à propos de son personnage, le Roi Arthur :
« J’aime les héros qui se découragent, peut-être par antagonisme avec les héros de films épiques – même les héros de la quête arthurienne – qui eux peuvent échouer sur des choses nobles mais n’échouent jamais sur leur volontarisme ou sur leurs convictions. Je trouve que c’est fantasmé, ça, c’est pas humain d’avoir une conviction inébranlable. Je pense que c’est ne pas connaître la psychologie humaine que de penser qu’un héros c’est quelqu’un qui ne douterait jamais de devoir faire ce qu’il a à faire. Kaamelott étant en grande partie sur des gens qui, contrairement aux films épiques, n’ont pas tout compris (de) ce qu’il fallait faire. »
Étienne Chouard est comme le Arthur d’Alexandre Astier, sauf qu’il n’est pas chef de guerre, il n’est pas roi, et il n’aspire d’ailleurs pas à l’être (mais Arthur non plus n’aspirait pas à être ni chef de guerre ni roi). Mais incontestablement, sans le moindre doute possible, il ne se bat que pour la dignité des faibles. Et face à l’adversité et les coups méchants qui lui sont assénés, il se décourage, comme Arthur.
Mais la comparaison ne s’arrête pas là. Plus loin dans le documentaire, Alexandre Astier explique que la particularité d’Arthur est de s’entourer coûte que coûte de gens faibles, de faire avec ce qu’il a. Ce qui importe à Arthur, c’est de faire avec eux (les gens du peuple), même si ça foire, et il se distingue de son antagoniste Lancelot qui, pour y arriver, veut se débarrasser des faibles pour ne garder que l’élite.
« Arthur – dit-il – effectivement, sa quête c’est de rester avec les gens qui n’y arrivent pas, mais ça demande de la conviction, ça demande du courage, ça demande de faire tous les jours l’effort d’y croire. Et la saison 5 (de la série), c’est la démonstration de ça, c’est la saison où, si le pouvoir est un sac à dos, il le pose. »
Étienne se bat contre le système du régime oligarchique, contre l’élite, pour rendre son pouvoir au peuple. Exactement comme Arthur dans Kaamelott tel que nous en parle son auteur. Et dans son combat quotidien contre Léviathan, Étienne est devenu, malgré lui, plus qu’un simple héraut, une sorte de héros moderne aux yeux du peuple, parce qu’il se bat, sincèrement, continuellement, non pour prendre le pouvoir pour lui-même (il n’est candidat à rien), non pour inciter le peuple à donner le pouvoir à tel ou tel chef de parti, mais pour les aider, si faibles, si fragiles, si inconstants soient-ils, pour les inciter à reprendre leur pouvoir et devenir des adultes politiques.
Dans tout ce qu’il fait et tout ce qu’il dit, Étienne Chouard incarne véritablement cet idéal mythique de la République tel qu’il fut fabriqué par les pères fondateurs pour conduire le peuple dans ses voies : la liberté, l’égalité et la fraternité. Ces valeurs, il ne se contente pas d’en parler : il les vit et il les met en pratique. Il persiste, en dépit des injonctions de l’Inquisition, à refuser de conspuer des personnes qui, même si elles ont prononcés de mauvaises paroles, même si elles se trompent dans leurs raisonnements et leurs idées, peuvent encore changer. Il applique, dans son esprit, l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui consacre la liberté d’expression et d’opinion. Lui qui est pourtant non croyant, qui se méfie des sectes, aussi bien religieuses que politiques, met pourtant en pratique les enseignements les plus nobles du Christ. Et oui, comme le Roi Arthur créé par Alexandre Astier, Étienne Chouard nous invite à la quête du Graal : un Graal appelé Démocratie Véritable.
Étienne n’a pas trahis Judith. Il a failli se trahir lui-même, mais il s’est ravisé. Se trahir soi-même pour ne pas trahir quelqu’un d’autre, a écrit un autre fou, cela reste une trahison : c’est la plus haute trahison. Étienne est découragé, oui, il n’a plus le moral. Il pose le sac à dos des procès en sorcellerie et des diffamations. Il parle d’abandonner la quête. Mais nous, les gueux, les faibles, ceux qui ne comprennent pas toujours tout, nous n’abandonnerons pas la quête, nous ne l’abandonnerons pas, lui.
Et nous n’oublierons pas.
Morpheus
(530)
Bravo pour cet article, tout est dit je pense.
Merci pour cette belle prose, j’apprécie le parallèle avec le roi Arthur tel que brillamment mis en scène par Alexandre Astier.
L’acharnement contre Étienne Chouard est révoltant. Mais force est de constater que l’Inquisition n’a rien à proposer ni opposer sur les plans idéologique et intellectuel concernant la réflexion centrale du professeur Chouard, à savoir que c’est au peuple d’écrire sa constitution. Donc ces oligarques et leurs représentants, sentant les gueux s’agiter, en sont réduit à essayer de discréditer un modeste érudit parce que celui-ci a trop de morale et d’éthique pour participer à la chasse aux sorciers et refuse de pratiquer la liberté d’expression à deux vitesses.
Pour ma part, je trouve certains propos d’Alain Soral très intéressants, et d’autres très gênants. Laissons chacun se faire son opinion, refusons la police de la pensée et concentrons-nous sur les idées plutôt que les individus.
je suis touché par votre article si bien écrit.
Je soutiens totalement E.C pour son travail et devant tant de mensonges …
Libre à lui de continuer;i l nous doit rien, nous lui devons énormément.
Article qui mérite la une et pas un fond de page.
Tout nouvel article passe par la une chez nous. Encore faut-il qu’il passe d’abord par une relecture de l’un des co-redac-chef, ce qui n’a pas été (encore) le cas ici. Ceci explique donc cela.
Excellent, magnifique soutien à cette belle personne qu’est Etienne Chouard.
Même s’il a besoin de souffler, je souhaite qu’il lise tout de même cet article.
Tribune intéressante. Chez AIL, c’est la figure de Robespierre qui est convoquée, ici c’est le Arthur d’Alexandre Astier, deux angles différents.
Je trouve l’article un peu raide concernant Judith Bernard, notamment ce passage : “il y va, après tout, de tout ce qui constitue sa vie aujourd’hui : le journalisme et le théâtre au sein du sérail médiatique parisien”.
JB est enseignante, journaliste à ses heures, responsable du très bon site d’émissions culturelles “Hors-Série” et est politiquement engagée dans le mouvement m6r, on peut difficilement la résumer à une journaliste mainstream. Le site a été très attaqué, y compris par celui qui fournit une assistance technique à Hors-Série (Daniel Schneidermann), quand Jean Bricmont a été invité, et les intervieweuses ont défendu leurs positions avec opiniâtreté.
Deux mois plus tard, “l’affaire Chouard” éclate (initiée par Fautrier chez Mediapart, puis relayée par plusieurs sites dont Arrêt sur Images) et Judith Bernard doit à nouveau affronter le procès en confusionnisme sauf que là, c’est son engagement au sein de m6r qui est remis en cause en plus de la pression qui lui est mise dans son environnement professionnel. Je suppose donc car je ne suis pas dans sa tête qu’elle lâche Chouard, considérant que le soutien à quelqu’un qui parle avec Soral (que j’exècre, je ne m’en cache pas) n’est plus possible, brouille le message et le projet qu’elle souhaite porter et pour lesquels elle s’est engagée. Je déplore ce lâchage et l’ai dit sur le site, même si, pour partie, je le comprends. Etienne Chouard parle avec tout le monde, Judith Bernard considère que ça n’est pas possible, les deux philosophies sont différentes et in fine incompatibles.
Le timing est aussi problématique, lâcher Chouard alors qu’il est médiatiquement seul à affronter la tempête manque d’élégance et d’humanité mais en politique, hélas, les gens ne font pas de sentiment. Etienne est un humaniste, un honnête homme, un chercheur (dans tous les sens du terme, il lui arrive donc aussi de se tromper, de trancher puis de revenir sur certaines décisions), il conservera le respect et l’estime de tous ceux à qui il a ouvert les yeux et pour lesquels il s’est battu et continuera, je l’espère, de se battre.
Ce qui est aussi déplorable à mon sens dans cette affaire, c’est qu’on ne puisse pas débattre du TAS sans passer par la case Soral qui a peu à voir avec le sujet mais comme il est évoqué en creux dans votre article, j’ai trouvé le papier de Raphaël Berland très bon.
On peut – c’est mon cas – supporter Etienne Chouard sans souscrire aux analyses de Soral qui a dépassé les frontières du raisonnable depuis un moment, comme on peut lire le Cercle des Volontaires sans être “d’extrême-droite, soralien, ou conspirationniste” comme vous en avez été accusé.
C’est le sens de mon article, Air One : Judith a été elle-même attaquée par l’inquisition, et pour éviter le bûcher, elle s’est soumise. Et je mentionne son métier de journaliste et de metteur en scène parce que c’est de là que viennent les principales pressions qui sont exercées contre elle. En d’autres termes, elle a été utilisée pour taper sur Chouard et faire la sale besogne. Maintenant, elle s’enferme dans le processus agentique d’auto justification de sa soumission à l’autorité tel que décrit par Jean-Léon Beauvois. Malheureusement. Pourtant, elle vaut mieux que ça.
Pomponette est revenue !? :o)
Pôôôvre Étienne …
Hâââ,,, les métastases de Mediapart…
Il parait, que si on marche dedans, du pied gauche …
Je comprends que Chouard soit un peu découragé, mais qu’il se rassure, en échouant à ce test ils nous a simplement prouvé sa capacité à résister à la corruption du pouvoir.
J’ai trouvé ses explications sur les raisons pour lesquelles ils refuse de lyncher Soral sincères, censées et peu stratégiques: tout ce qui fait qu’il mérite sa place parmis nous.