Bernard Kouchner : « il y a un lourd antisémitisme en France, c’est notre tradition »
Vous vous souvenez peut-être de Meyer Habib, ce député UDI qui avait menti sur une télévision étrangère en juillet 2014. Il avait en effet tenté de faire passer les français pour des antisémites, prétendant qu’il y aurait eu des des dizaines de milliers de personnes place de la République qui criaient « Mort aux juifs », « Nous allons vous tuer », à l’occasion des manifestations de solidarité envers Gaza.
C’est aujourd’hui au tour de Bernard Kouchner de tenter de faire croire que la France serait intrinsèquement antisémite. Invité sur BFM-TV à l’occasion des commémorations du 70e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.
BFM-TV : « Le devoir de mémoire. On a appris parallèlement à ces cérémonies qu’en France, il y avait une explosion des actes antisémites en 2014, un chiffre qui a doublé en un an, 851 actes antisémites recensés en France. »
BK : « Je ne suis pas étonné, Monsieur. Je sais qu’il y a un lourd antisémitisme en France. »
BFM-TV : « Pourquoi ? »
BK : « Parce que c’est notre tradition. L’affaire Dreyfus s’est déroulée en France. L’antisémitisme… »
BFM-TV : « Et ça, ça ne change rien alors ? Ce qu’on a montré cet après-midi [les commémorations], ça ne change rien ? »
BK : « Malheureusement, pas assez, bien sûr ! »
BFM-TV : « La situation semble même pire aujourd’hui qu’hier ! »
BK : « Elle est pire qu’hier, pour de mauvaises raisons, bien sûr, pour une falsification de l’histoire […] Il y a des haines qui se propagent, je ne sais pas, de rues en rues, de générations en générations, de familles en familles. Et c’est tellement facile de haïr. ça explique beaucoup la condition pénible que nous ressentons les uns pas aux mêmes niveau que les aux autres. »
En lisant l’ouvrage de Jacob Katz, « Juifs et francs-maçons en Europe (1723-1939) » (chez P.U.F.), on se rend compte que c’est tout le contraire : la République Française considère très vite les juifs comme des citoyens français à part entière. Au regard de l’Histoire, l’argument de l’affaire Dreyfus semble pour le moins un peu léger…
Par ailleurs, bien que l’augmentation des tensions inter-communautaires soient hélas une réalité, il est permis de douter des chiffres avancés par le SCPJ (Service de Protection de la Communauté Juive), lorsqu’on s’intéresse par exemple à ceux avancés par l’ADL (Anti Defamation League). A ce sujet, je ne saurais que trop vous conseiller l’excellent documentaire « Defamation », tout-à-fait essentiel pour comprendre l’exagération des chiffres, la récupération politique, et la propagande sioniste au nom d’une soit-disant « lutte contre l’antisémitisme ». Estomaquant, mais magistral.
Raphaël Berland
(281)
Il s’est retenu de dire “c’est votre tradition”, c’est déjà pas mal… 😉
Et oui, Defamation est un must, à voir absolument.
si c’est le boucher des balkan qui le dit … ça doit être vrai ! “lol!”
plus sérieusement, c’est tentant de devenir antisémite quand on les voit mentir aussi ouvertement sans que personne ne bronche…
mais ça leur ferai trop plaisir, contentons nous de rester droit dans nos bottes antisionistes.
> “c’est tentant de devenir antisémite quand on..”
je crois même que c’est précisément leur but : radicaliser les deux camps …
Et c’est bien pour ça qu’on ne le deviendra pas 😉
Ben voyons … T’es pas orienté toi au moins, « Jah » Raph.
Ton argument « on se rend compte que c’est tout le contraire : la République Française considère très vite les juifs comme des citoyens français à part entière » est tout aussi foireux pour deux excellentes raisons :
1) La République, initialement, n’a rien fait pour accorder la citoyenneté aux Juifs. Il a fallu pour cela attendre Louis XVI, sous la brève monarchie constitutionnelle (que la révolution à mise en place après la constituante, certes), qui ratifia cela en 1791, après l’accès à la citoyenneté des « musulmans et des Turcs », donc (pour citer le discours du jacobin Adrien Duport à l’AN cette année là). Mais il fallu vraiment attendre Napoléon, sous l’Empire, pour que les Juifs obtiennent la liberté de circulation, et ce n’est qu’en 1807 qu’elle ne deviendra vraiment effective, sous conditions. Il propagera d’ailleurs l’idée de l’égalité des citoyens dans l’Europe et au delà. Cela dit, des lois discriminatoires comme le Serment Juif demeurent et ce n’est que fin XIXe qu’un juif accèdera au gouvernement (Adolphe Crémieux). Un Roi et un Empereur, dis donc, tu as une drôle conception de la République, « Jah » Raph.
2) Lorsqu’on dit que c’est « notre tradition » on parle du peuple, pas de l’organisation de l’état, ni des dirigeants ; donc je vois pas tellement le rapport entre notre tradition et la République (même si j’admet qu’elle devient peu à peu une forme de « tradition française », elle n’en est pas moins conspuée par les milieux traditionalistes justement, qui la taxe de « judéo-maçonique », et qui œuvre pour restaurer les « vraies valeurs » de la tradition française), si ce n’est que … ka République et la Tradition s’opposent comme les extrêmes. Quand il dit « notre tradition », il est donc invalide de le réfuter avec un argument qui concerne « la République ». Car du point de vue traditionnel, la République est illégitime, tout comme d’ailleurs la monarchie constitutionnelle. Il parle du peuple, qui ont effectivement une longue tradition … pas des dirigeants ou des intellectuels « éclairés ».
Mais bon, t’es journaliste, pas historien, qui t’en voudras de ne pas être précis …
Les juifs eux-mêmes ne souhaitaient pas être des “citoyens comme les autres”, c’est ce qui ressort de la lecture de l’ouvrage que j’ai cité (Jacob Katz), et que je vous recommande chaudement. Vous changerez votre regard sur l’attitude de la France et des français vis-à-vis des français de confession juive.
Et oui, un journaliste lit également des livres d’histoire…
Mais vous par contre, vous vous permettez de prétendre savoir ce que ces gens — en essencialisant un tantinet au passage — souhaitaient ou ne souhaitaient pas deux siècles et demi après, à la simple lecture du Katz … Ben dites moi, ça c’est de la rigueur et de l’effort d’objectivité.
Effectivement certains chefs de villages et de communautés ne souhaitaient certainement pas plus que ça perdre leur pouvoir politico-religieux au profit d’un pouvoir central, pas plus que la noblesse ne voyait d’un bon œil ce qui se tramait à Paris à l’encontre du pouvoir religieux chrétien, royale ou clérical … Mais bon, c’est de notoriété publique tout ça, rien de neuf sous les cocotiers (et c’est pourquoi Napoléon a recréé un « Grand Sanhedrin de France », qui aujourd’hui est le Consistoire Central — phénomène unique dans le monde juif)
Mais en déduire et proclamer que les juifs ne souhaitaient pas la citoyenneté ni bénéficier des mêmes doits civiques que les autres … c’est un peu fort de café comme raccourci. Ce n’est pas du tout ce que Katz dit dans aucun de ses ouvrages.
D’ailleurs, parler de « citoyens comme les autres » est tout à fait anachronique puisqu’à cette époque le concept de citoyen venait tout juste de tenter de s’imposer contre celui de « sujet », et vous n’êtes pas sans savoir qu’alors l’information pouvait s’avérer un peu plus longue qu’aujourd’hui à se diffuser …
La plus grande partie des juifs n’avaient alors pas la moindre idée de ce qu’était un « citoyen ». De plus, une grande partie se trouvait en Alsace, et il semble que l’Alsace en général n’aimait finalement pas non plus tant que ça les réformes portées par les révolutionnaires … car attachée à son clergé. Donc quoi, ils ne voulait pas être des « citoyens comme les autres » non plus ? Quid des bretons, des vendéens, des autres ?
De plus, comment peut-on d’un côté prétendre que les juifs et les francs-maçons sont à l’origine de la République et de l’autre dire que les juifs ne voulaient pas être des citoyens.
Bon de toute façon je crois que votre réflexion se borne trop aux limites de vos fantasmes pour pouvoir analyser des faits historiques avec un peu de neutralité. Sauf votre respect je pense que vous êtes un peu contaminés par les tendances paradoxalement mono-maniaques du net, finallement, même ici.
“Bon de toute façon je crois que votre réflexion se borne trop aux limites de vos fantasmes pour pouvoir analyser des faits historiques avec un peu de neutralité. Sauf votre respect je pense que vous êtes un peu contaminés par les tendances paradoxalement mono-maniaques du net, finallement, même ici.” si vous le dites…