« Révolution » Macron : ponctionner les retraités et les fonctionnaires pour détaxer les traders
Augmentation de la CSG pour les retraités, gel des salaires et jour de carence pour les fonctionnaires
Lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale le 4 juillet dernier, le premier ministre Édouard Philippe a annoncé la suppression des cotisations salariales sur l’assurance maladie et l’assurance chômage. Or, cette suppression sera financée par une hausse de 1,7% de la Contribution Sociale Généralisée (CSG). La CSG est financée par 7,5% des revenus des actifs, 8,2% des revenus de détenteurs de patrimoine, et 6,6 % des pensions des retraités. Cette ponction touchera les pensions des retraités percevant plus de 14 375 euros par an, soit 60% des retraités. Une drôle de manière de remercier une catégorie sociale ayant largement participé à son accession au pouvoir, puisque 74% des retraités auraient voté pour Emmanuel Macron au second tour.
Le 6 juillet dernier, Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, du budget et de la fonction publique, a annoncé le rétablissement pour les fonctionnaires du « jour de carence ». C’est-à-dire, la suppression de la paie pour le premier jour d’absence pour maladie. Il a également confirmé le gel du traitement des fonctionnaires en ces termes :
« Il n’y aura pas d’augmentation de point d’indice pour les agents de la fonction publique. »
Hermès et Jupiter aplatis devant la finance
Toutes les catégories socio-professionnelles ne sont pas à la même enseigne. Dans le même laps de temps en effet, le ministre des finances Bruno Le Maire, qui se comparait au dieu Hermès devant un parterre de financiers new-yorkais, faisait des pieds et des mains pour les inciter à investir et à s’installer en France.
Devant le cercle interrallié le 5 juillet dernier à Paris, il déclarait :
« Parmi les investisseurs étrangers, il y a des salariés qui ont des niveaux de revenus élevés. Or, la taxation de ces revenus est très forte. »
Faisant ainsi écho au discours de politique générale du premier ministre, dont les mesures annoncées doivent prouver que « nous sommes capables de tenir compte de cette situation pour faire venir des salariés en France ».
En 2013, le gouvernement de François Hollande avait initié la mise en place d’une taxe sur les entreprises non assujetties à la TVA (en grande partie, celles touchant au domaine de la finance). Cette taxe pouvait monter jusqu’à 20% pour les entreprises générant des salaires supérieurs à 153 000 euros brut. Le projet du gouvernement actuel : faire disparaître complètement cette taxe. Objectif : permettre aux banques françaises de payer leurs traders en bonus supplémentaires avec l’argent ainsi économisé. Ceci afin de les rendre compétitives vis-à-vis des banques londoniennes en terme de rémunération des traders …
Les enfants de ceux « qui réussissent » et les enfants de ceux « qui ne sont rien »
Mais les courbettes ne s’arrêtent pas là. C’est une véritable pochette surprise que le gouvernement propose aux financiers des places londonienne et new-yorkaise. Ainsi, en accord avec le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer, Hermès-Le Maire propose, à l’attention des enfants des traders en question,
« un plan de réalisation d’établissements scolaires ou de classes bilingues susceptibles de [les] accueillir ».
Rappelons que cette proposition de petits soins privilégiés pour les enfants de traders intervient dans un contexte où le minimum de salubrité n’est assuré ni par les collectivités ni par l’éducation nationale dans certains établissements scolaires de province ou de banlieue parisienne. Pour paraphraser notre Jupiter-Macron national, il y a les enfants de ceux qui « réussissent » et les enfants de ceux « qui ne sont rien » …
« Impatrié », un statut fiscal valorisé par Macron et Sarkozy
En 2003 fut créé le statut d’impatrié. Il concerne les Français fortunés ne résidant plus sur le territoire, puis décidant de revenir en France. Ce statut favorisant les fortunes décidées à revenir sur le territoire a été favorisé par Nicolas Sarkozy en 2008, puis en 2015 par Macron, alors ministre de l’économie. Selon Marianne, ce statut pourrait être encore plus valorisé en terme de défiscalisation par le gouvernement actuel.
Macron aurait pourtant juré au porte-parole de l’ONG OXFAM, les yeux dans les yeux, qu’il ne supprimerait pas la Taxe sur les Transactions Financières (TTF). Cette taxe que le gouvernement s’apprête à supprimer pour favoriser l’activité spéculative sur le territoire au prétexte de valoriser la croissance, avait rapporté depuis sa création 137 millions d’euros aux caisses de l’État.
Galil Agar
Pour aller plus loin :
Macron est le président de la finance, pas du climat et des pauvres, Adrien Schwyter, Alexandre Naulot, Challenges, 7.7.17
(2495)
Il ne faut pas être salaud et dénier à macron sa volonté de faire progresser les petites gens, en fin, vers l’égalité fiscale….
Il voulait, mais ses anciens trésoriers du temps de la Hollandie, lui ont laissé une ardoise de 8,5 Milliards (promis, juré, ce n’est pas lui, mais ses ex-camarades… les salauds. Quand il était aux affaires, il se contentait d’organiser son avenir à las Végas et au poker-menteur!)
Qui s’inquiète de sa volonté de gouverner avec des ordonnances (qui n’empêcheront pas un certain désordre) quand il a i=une majorité aux ordres de 69%.
Ne fait-il confiance à personne? C’est à coup sur l’autoritarisme personnalisé et cela s’appelle dictature… C’est ce que nous avons voulu!
http://wp.me/p4Im0Q-217
Bonjour,
Pour le jour de carence des fonctionnaires, c’est parfaitement normal. Dans le privé, il y en a 3. Pourquoi ces Messieurs et dames fonctionnaires devraient-ils être privilégiés par rapport aux autres? Je suis moi-même fonctionnaire et malgré cela je dis que les fonctionnaires doivent avoir la même chose que les autres. Ce devrait être le même nombre pour tous.
Au sujet du point d’indice, il venait d’augmenter en janvier, il ne pouvait pas de nouveau augmenter après l’éléction…
Bonjour.
Sauf erreur de ma part, votre calcul fait abstraction du fait que les jours de carence sont compensés par la prévoyance entreprise de l’employeur pour la majorité des salariés du privé.
Par ailleurs, la véritable interrogation devrait être la suivante : les jours de carence, pour les salariés du privé comme du public, sont-ils des solutions à long terme pour réduire les déficits ? N’y a-t-il pas des économies à faire autrement qu’au détriment de la santé des gens -notamment en supprimant le statut d’impatrié, qui ne concerne a priori que des millionnaires et des milliardaires ? N’y a-t-il pas lieu de mener des luttes ensemble, salariés du public et du privé, plutôt que de tomber dans le piège de la division tendu par les oligarques d’état travaillant main dans la main avec le MEDEF et les multinationales ?
Ces mesures semblent être là pour culpabiliser les patients, quels qu’ils soient, alors que comme l’explique ce médecin généraliste, “moins de 3 % des indemnités journalières sont versées pour des indemnités de moins de 8 jours”. En réalité, explique-t-il encore, beaucoup de médecins doivent se battre pour que les patients acceptent un arrêt de travail qu’ils pensent ne pas pouvoir se permettre.
http://www.docteurmilie.fr/wordpress/?tag=jours-de-carence
Une dernière question : lorsque les réglementations de travail des salariés du privé seront calculées d’après le mode de fonctionnement d’entreprises totalement ubérisées telles Deliveroo & co, les salariés du public devront-ils docilement les accepter afin de ne pas paraître trop privilégiés, ou bien devront-ils se battre auprès des salariés du privé afin que ceux-ci retrouvent des conditions de travail décentes ?
https://www.youtube.com/watch?v=ev9ndMrFouc
Bien cordialement.