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Hiroshima, la véritable histoire (documentaire)

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Rescapée de l’atomisation de Nagaski, photographiée par Shomei Tomatsu en 1961 pour la série photographique “Hibakusha Tsuyo Kataoka”. Hibakusha est un mot japonais désignant les survivants des bombardements atomiques

En complément de notre dossier sur les destructions nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, nous vous proposons de visionner le documentaire Hiroshima, la véritable histoire, réalisé par Lucy van Beek en 2015, en commémoration du soixante-dixième anniversaire des bombardements.

La vie après la bombe

Le documentaire ne se contente pas de relater les événements jusqu’à l’explosion de la bombe. On y apprend comment les orphelins d’Hiroshima se sont retrouvés à la merci des yakuzas après la guerre, comment des centaines de petites filles, âgées de 8 à 12 ans, nourries et habillées par les femmes des yakuzas, ont soudainement disparu.

On y apprend comment le général Leslie Groves a essayé d’étouffer les conséquences de l’explosion nucléaire, allant dans l’ignominie jusqu’à déclarer :

D’après les médecins, c’est une façon très agréable de mourir.

On y apprend qu’après les explosions, l’occupant états-unien a fondé sur les hauteurs d’Hiroshima un centre de recherche sur les effets des radiations. Des chercheurs en « anthropologie biologique » y sélectionnaient des écoliers, les obligeant à se déshabiller en public, en pleine conférence, pour filmer les conséquences des radiations. Pourquoi des enfants ? Certainement pas pour les soigner, mais parce que les conséquences des radiations devaient être étudiées sur le long terme, durant la croissance. Les familles des atomisés étaient harcelées en vue de leur faire céder les corps des défunts au centre afin qu’ils y soient disséqués et étudiés par leurs meurtriers mêmes.

On y apprend de la bouche d’un médecin ayant exercé dans ce centre qu’avec des doses adéquates d’antibiotiques et de sulfamides, on aurait pu soigner un grand nombre de rescapés, finalement décédés des suites des radiations. On y apprend de la bouche du physicien Roy Glauber que la bombe larguée 3 jours après celle d’Hiroshima sur Nagasaki n’avait qu’un seul objectif :

Montrer que le plutonium permettait de faire ce qui avait déjà été fait avec l’uranium.

Les bombes au plutonium étant moins chères et plus rapides à produire que celles à l’uranium.

Pourquoi une réflexion sur Hiroshima s’impose aujourd’hui ?

Depuis quelques années, le gouvernement japonais de Shinzo Abe, à l’insu de son peuple, entreprend son réarmement à la demande et avec la bénédiction des puissances atlantistes. Le 26 mai 2016, Barack Obama, en visite à Hiroshima, a explicitement refusé de présenter des excuses au nom du gouvernement des États-Unis pour les bombardements nucléaires. Il les a même justifiés à sa manière, en déclarant :

Je pense qu’il est important de reconnaître qu’en pleine guerre, les dirigeants doivent prendre toutes sortes de décisions (…) C’est le rôle des historiens de poser des questions et de les examiner.

Moins d’un an plus tard, le 13 avril 2017, Donald Trump a lâché la bombe non nucléaire la plus puissante à la disposition des États-Unis, la « mère de toutes les bombes » sur l’Afghanistan. Plus qu’une véritable opération contre Daesh, il s’agissait pour lui de prouver sa détermination face aux démonstrations de la Corée du Nord, au large de laquelle il avait envoyé un porte-avion nucléaire quelques jours plus tôt.

La Chine, soutien financier et militaire de la Corée du Nord, avait alors appelé Trump à la « retenue ». Le régime de Pyongyang pour sa part, a promis « le feu et la fureur » à Trump, en menaçant directement la base militaire de l’île états-unienne de Guam d’une frappe nucléaire, pas plus tard que le 9 août 2017.

Officiellement, et dans l’ordre décroissant de l’étendue de leur arsenal, 9 pays dans le monde sont aujourd’hui dotés de l’arme nucléaire : La Russie, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Chine, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord.

Galil Agar

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3 réflexions sur “Hiroshima, la véritable histoire (documentaire)

  • “It’s a proud memory” même si je ne suis contre l’hégémonie yankee. Néanmoins No one is innocent. C’était le seul moyen d’arrêter ce peuple fanatisé dont très peu des “inoncentes” mères ou grand-mères japonaises ne condamnent ENCORE AUJOURD’HUI [j’ai habité au Japon] le supplice des “femmes de réconfort” koréennes ni celui des cobayes de l’effroyable centre de vivisections Unité 731. Informez-nous plutot sur le nombre de mort à NANKIN.

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    • Galil Agar

      Bonjour.

      Sous notre article intitulé “Hiroshima et Nagasaki : contre-histoire d’un démocide nucléaire”, vous trouverez des références explicites au massacre de Nankin.

      Cet article apporte des arguments opposés à l’affirmation que vous soutenez ici, selon laquelle la bombe était le seul moyen d’arrêter les Japonais.

      Il y est par ailleurs précisé en introduction : « Nous vous proposons une mise en perspective historique et politique de ce massacre, qui n’occulte rien au fait qu’il ait eu lieu après un certain nombre de tueries commandités par la politique impérialiste du gouvernement japonais en Chine et en Corée. »

      http://www.cercledesvolontaires.fr/2017/08/08/hiroshima-nagasaki-contre-histoire-democide-nucleaire/

      Bien cordialement.

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    • Bonjour,
      il est bien osé d’affirmer que les largages des deux bombes atomiques étasuniennes étaient “le seul moyen d’arrêter ce peuple fanatisé”, comme vous le dites.

      Tout historien un tant soit peu honnête sait que le Japon exsangue, ruiné par l’économie de guerre, n’avait aucune chance de tenir plus de quelques mois devant la toute-puissance étasunienne… et l’armée soviétique, devenue redoutable de cette fin de conflit.
      Il est impossible de ne pas comprendre le rôle de la déclaration de guerre soviétique au Japon 2 jours après le bombardement nucléaire des USA, et notamment dans le bombardement précipité sur Nagasaki.
      Vaincre le japon n’était alors plus une question préoccupante pour les USA. Ce qu’il fallait, c’était retirer aux soviétiques un bon prétexte pour débarquer au Japon et dans ses colonies. Qui plus est, on montrait ainsi aux “commies” qui était le vrai maître du monde… Cela a marché, du reste, et Staline a dû se contenter de Sakhaline. Quant aux communistes japonais, force montante, ils ont été tout bonnements abandonnés par Moscou dans le marché des salauds qui a suivi la guerre.

      La capitulation du Japon n’est pas uniquement liée à l’effet “apocalypse nucléaire”, mais avant tout à une décision géopolitique qui a associé les USA et les dirigeants japonais qui comptaient.
      Après tout, comme vous le dites vous-même, les japonais étaient un peuple “fanatisé”, au point que la majorité des individus auraient donné leur vie pour le Tenno. Mais crever d’un bombardement nucléaire ou d’un coup de baïonnette, ou d’une balle, quelle différence pour un martyr ? On peut même se demander dans quelle mesure le gouvernement japonais n’a pas planifié de concert avec les USA le bombardement de Nagasaki, pour mieux justifier auprès de ses fanatiques l’abandon immédiat de toute lutte. L’horreur de la guerre que vous évoquiez au sujet du camp 731 peut vous renseigner sur l’importance que peuvent avoir quelques dizaines de milliers de personnes -même japonaises- pour un pouvoir qui doit sortir d’une telle impasse sans trop perdre de plumes.
      C’est ainsi que les grandes familles d’entrepreneurs -et nobles- japonais ont été préservées des conséquences de la capitulation… alors que le peuple payait le prix fort.
      Eh oui, l’Histoire évoque assez peu ce genre d’implications et de détails. Car l’Histoire doit être faite à la gloire des peuples vainqueurs.

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